La pluie n’a cessé de tomber en ce début du mois de novembre 1944. Le Moselle est sortie de son lit inondant les plaines de Cattenom et de Gavisse. Les Américains occupent depuis plus de deux mois la rive gauche de la Moselle face aux troupes allemandes stationnées sur la rive droite. Tous les ponts de la Moselle sont détruits. Depuis quelques jours, l’artillerie américaine ne cesse de tirer sur l’ennemi campant sur la rive droite. Tous les habitants de Hunting vivent et dorment dans les caves. Ce jeudi 09 novembre 1944, alors qu’il pleut toujours, les Américains franchissent la Moselle en pleine nuit, à la grande surprise des Allemands sortis de leur sommeil. C’est ce jour, en début de matinée, que le Caporal-Chef Otto PIEPER, né le 10 mars 1904 à ZIEGNITZ (aujourd’hui en Pologne), sérieusement blessé à la jambe par un éclat d’obus, grimaçant de douleur et s’appuyant sur son « Mauser », en guise cde canne, se dirige péniblement vers l’infirmerie militaire allemande installée dans l’école du village, afin de faire soigner sa blessure. L’instituteur du village, Albert JOLIVALT, voyant arriver le blessé par le soupirail de la cave, lui ouvre la porte pour lui annoncer que les infirmiers militaires ont quitté les lieux tôt dans la matinée pour se replier sur Kerling-les-Sierck. Il invite l’intéressé à prendre place dans la cave de l’école où séjournent déjà depuis plusieurs jours, son épouse, son fils Roland âgé de 7 ans et la voisine de l’école, Mme Marguerite MARCK, avec ses deux enfants Thérèse et Albert, âgés respectivement de 16 et 12 ans. Le Malheureux blessé sort son portefeuille et les yeux embués de larmes, leur montre les photos de son épouse et de ses enfants avec le pressentiment qu’il ne les reverra plus. Peu de temps après, en début de matinée, deux Américains font irruption dans l’école qu’ils visitent du grenier à la cave où ils trouvent ce sous-officier Allemand sérieusement blessé. Ils le désarment, prennent sa montre et brutalement le traînent jusqu’en haut de l’escalier de la cave et lui tirent en balle dans la tête. En assistant de près à ce drame atroce, les enfants comme les adultes qui se trouvent dans la cave sont horrifiés. Le corps resté sur place et pris en charge par l’instituteur aidé par un ouvrier de la commune, est inhumé dans un premier temps au fond du jardin de l’école. En 1945, le corps de l’intéressé est transféré et inhumé dans le cimetière communal du village. Enfin, en août 1961, Le VOLKSBUND procède à l’exhumation et au transfert du corps depuis le cimetière communal de HUNTING sur le cimetière militaire allemand de NIEDERBRONN-LES-BAINS (Bas-Rhin) – (Bloc 22, Rang 15, Tombe n° 449). La nouvelle de ce drame atroce se répandit le jour même dans le village comme un traînée de poudre. En apprenant ce triste évènement, toute la population de HUNTING fut bouleversée et émit le vœu que les auteurs de cet abominable crime commis en flagrante violation des dispositions des conventions de Genève visant la protection des blessés et prisonniers de guerre, soient arrêtés, jugés, et sévèrement condamnés. Hélas, il n’y eut aucune poursuite. C’était la guerre !
REQUIESCAT IN PACE ! (Qu’il repose en paix) Fernand LANZI (Natif de Hunting) |